Montagne
J'ai
dû me barrer, je n'en pouvais plus que tu me hantes.
Me
voilà au sommet du monde, là ou l'Homme ne peut que descendre ou
apprendre à voler comme disait l'autre.
Il
y a ici haut, un ruisseau tellement il pleut de mes yeux, un arbre
qui brille au clair de lune et enfin un ciel comme seul l'altitude de
l'âme vous donne.
D'ici
vous n'êtes pas. D'ici il n'y a de là bas.
Personne
ne gronde, aucune fronde.
Alors
moi perdu au milieu de ce néant je hurle à ton nom, en compagnie
d'une armée d'étoile, ivre, je gueule ton visage à toutes ces
ombres.
Grimpe
là haut, délivre toi de cette misère, viens te coller à mon
arbre.
Viens
toi, viens au creux de mes bras.
Je
serai là sous cette pluie, tremper jusqu'aux pupilles, nous
attendrons la neige en s'aimant.
Un
jour j'entendrais du bruit venant des rochers derrière moi, ce sera
toi.
Tu
seras là, trempée toi aussi, ta robe, magnifique, au dos nu,
brillera sous cette lune énorme.
Cette
connasse qui nous ramène lumière là ou on voudrais plonger dans la
nuit, te bouffer les lèvres, te faire sentir l'amour à terre et
s'endormir à tes cotés.
Enfin,
tu seras là. Un sourire béa, un peu con. Tu t'avances, la beauté
dans chacun de tes pas, je tremble.
Assis
dans l'herbe, du bout des doigts, j'écris dans le ciel cette lettre
:
«
La montagne a ceci de fabuleux qu'elle n'écoute pas. Elle garde
secret la fatigue des
amoureux,
la joie d'un enfant, l'impudence d'un chasseur et toute ces
merveilles cachées qui porte en elles l'essence de nos caresses.
Je
suis ici pour mourir. Comme le petit prince, en haut de mon caillou
je contemple un univers, le monde.
Je
m’assois tout les soirs au bord du bout de ma montagne et regarde
les villes scintiller.
J'imagine
à ces gens des histoires, je les écris aussi. J'aimerais un jour
que tu me rejoigne, il y a toute la beauté ici, il ne me manque plus
que toi pour pouvoir rêver.
Je
te vois tout en bas dans ta ville, tu danses pour des connards, tu
vis tes jours.
Viens
on montra sur un nuage, on se guidera au son du vent et comme des
anges on criera notre amour à la gueule du monde.
Viens
réussir avec moi le plus beau des voyages. »
La
vie n'invente plus nos nuits, ton sourire je veux le voir à chaque
obscur, je veux pouvoir grimper dessus et m'allonger.
Je
veux pouvoir te voir là devant moi, les pieds dans le ruisseaux. Tu
seras belle putain, je serai ivre de toi.
Je
veux pouvoir, tous les soirs te plaquer contre l'écorce de mon
arbre, arracher cette robe de mes doigts. Tendrement effleuré ta
peau et faire danser mes lèvres sur ton cou.
Alors
d'un geste de la main je descendrai le long de tes hanches, ton
souffle chante, ta tête penchée vers le ciel, tes yeux exorbités
jouissent devant cette marée d'étoile, la lune éclaire tes seins.
Chavire
avec moi à chaque coup de reins, naviguons sur cette océan de
lumière.
Un
jour tu ne m'aimeras plus, ce sera un matin, quand ton corps n'est
plus tiède au levé alors l'amour s'en est allé. Tu te lèves,
regardant le manque à l'horizon, le vide à l'âme tu repars le long
du sentier.
La
montagne gardera avec elle le souvenir d'une vie.
Le
souvenir de cette nuit, celui de ce sourire, de ce dessin qui danse
encore quand bien après que le soleil s'en soit allé, deux amoureux
s’asseyant sur une dune et regardant le ciel en s'embrassant.