mardi 9 août 2016

C'est le matin.

" Et pourtant les saisons passent.
Se ressemblant toutes.
Voici la fin du règne de mes yeux.
Quand de trop de lassitude,
chaque vent, chaque ciel,
est le même.

Il n'y a que cette dune qui me fait chanter,
le soir, assied, là, fumant une clope face à l'horizon.
Il y a ce champ à perte de vue, une route et le soleil qui tombe sans jamais s'écraser.
Un être béat.

Lorsque je m'observe hors de cette coquille, me levant.
Je ne vois qu'un corps, raide, la continuité d'un tube en fusion.
Cet homme n'est pas triste, il pense, conscient.

Quand de mes yeux, je m'imagine une vie dans toutes ces voitures.
Et lui part-il à l'aventure ?
Rentre elle du boulot, épuisée ?
Rien n'a d'utile au delà de ce que nos sociétés peuvent voir.

Il n'y a donc aucune brune, pied au plancher, dans l'envie de rencontrer un platane ?
Celle qui de trop d'espoir ne peut rester.
Celle qui pourrait devenir avec moi un bout de ce tube en lave.

On ferait la route ensemble,
pour trouver notre dune et pisser contre les platanes.
On ferait la route.

Saoul, effronté, hors de vos quartiers.
Quand de celle que j'ai aimé, votre fric me l'a enlevé.
Quand l'église m'a châtié de voir en cette pute un être aimant.

Tout ce que cet enfant insolent nous cache,
nous en sommes responsables.
Nous, ces parents trop inconscient pour l'éduquer,
assez con pour se laisser porter.

J'ai honte et j'ai peur,
peur d'être aussi con que nous.

Quand viens le soir, sur mon bout de terre,
je te revois sagesse,
toi qui te bat contre leur religion,
leur morale et ce sang.

Je me réveille, l'herbe humide et cette bouteille de gin qui me lacère le dos.
Les étoiles éblouissent mon crane ou peut être est-ce les vapeurs de ce chagrin.
Je te vois, là, lévitant sur le relief.
Tu revis, au-delà de leur médoc,
cette intoxication et ton agonie.
Tu est là, souriante, prend moi la main..

Marchons sur les rails,
raconte moi encore comment tu t'es barré d'un foyer barge d'un christ orgueilleux.
Comment tu t'es fondé une vie à travers tes enfants.
Celle d'une famille sans fête.
Celle qui survécu à travers la parole de ta fille,
le sourire de ton fils.
Raconte moi encore ce conte, celui d'une féministe.
Et je te raconterais comment tu n'est jamais morte.

A travers tout les combats, toutes les peines et joies, chaque pensée, chaque jours n'était que le lendemain de ton silence.

Le lendemain de ce matin, tout le monde en costard,
à fumer une clope devant cet édifice de pierre.
Ces pierres qui lévitent sur le temps.
Portant pourtant en leur sein une histoire,
celle que l'on chuchote.

Je te raconterais ce matin ou sous un plafond aussi haut que le ciel,
la lumière traversant les vitraux viennent s'écraser sur son visage.
Tandis qu'il nous expie de tout tes péchés,
la lumière traversant les vitraux viennent s'écraser sur cette ombre.
Je te ranconterais comment moi j'ai eu envie de crier, cette histoire, celle que l'on chuchote.

Je te raconterais comment me manque ta présence,
cette protection.
Quand tard le soir tu ne pouvais te coucher sans savoir si tes petits enfants n'avaient pas froid.
Quand tard le soir, je rabat les coté de ma couette pour me border.

Je te raconterais toutes ces fois ou tu nous encourageait,
la folie n'a pas de conséquence sur les tiens.
Je te raconterait à quel point tu es la liberté et le courage.
Comment je suis devenu aussi dépendant à la meute que toi.

Mais je ne te parlerais pas de ces deux longues années d'agonie.
Je ne te parlerais pas de ces labos pharmaceutique qui pour le bonheur de leur actionnaires mélange aléatoirement les cachtons.
Je ne te parlerais pas de cet homme qui n'a pas eu la douleur de mourir en prison.

C'est le matin, tu es partie, j'ai soif et je pleure."