dimanche 22 janvier 2023

Je n'ai plus de bile

 2022.01.23

03h32




« Comment ne pas devenir un loup des steppes et un ermite sans manières dans un monde dont je ne partage aucune des aspirations, dont je ne comprends aucun des enthousiasmes ? »

Herman Hesse, le loup des steppes.



Les poètes devraient être les seuls à recourir à l’argument d’autorité. Il n’y a rien à opposer à l’amour, à se battre pour la dignité des faibles, à la vertu d’aimer l’autre, à l’envie de nous réunir, à la beauté de se vouloir frères et sœurs.



Je ne comprend plus, je ne vous comprend plus, je ne le comprend plus, je ne nous comprend plus, je ne comprend plus. Rien ici ne m’attire, tout cela semble tellement puéril, futil, Sylvie, 53 ans qui vous dis qu’elle a le dos démonté à force de porter des vieux tout les jours et au mieux vous lui proposez une reconversion pour pouvoir travailler, encore ! Toujours ! On ne travaille pas pour vivre on vit pour travailler, et faut les voir tout ceux-la qui sont d’accord, qui ont bien appris la rengaine ; qu’il y a la dette, pis qu’il y a le monde, pis qu’il y a la manière dont ça marche et que l’on ne devient que par le travail, que l’on ne s’émancipe que par lui, pour se payer ses ptites vacances, pour payer son école privés à ses gosses puisqu’il n’y a que là que l’on apprend, et qui achètera des apparts parce qu’il y crois plus à la retraite, à chacun de s’en sortir ! Regarde mon exemple je me suis fais de rien ! Je n’ai que de la bile...


J’ai même plus envie de leur parler, je suis épuisé, j’ai essayé et surtout j’ai essayé de les faire rêver, que les oiseaux de fainéantise n’osait piétiner la lune, que nos enfants devraient savoir regarder le ciel avant que d’ouvrir un resto…


J’ai essayé, la dette n’est qu’un épouvantail, Macron file 413 milliards à nos armées, je n’ai que de la bile. File en 50 au pays connard et tout changera. Que l’on ne me dise pas que cet homme n’est pas un sociopathe. J’ai essayé, de leur montrer que rien ne resterais d’autre que ceux à qui l’on tenais, que tout le reste n’est qu’une enveloppe, j’ai essayé, de leur montrer qu’il n’y a que ce que l’on a construit, les siens, la beauté de ces cœurs. J’ai même plus la bile. Je suis persuadé qu’ils sont d’accords avec le besoin de régler notre dette, endurcir notre armée, mériter.



J’ai même plus envie de vous regarder, je ne peux plus accepter la bêtise, elle m’étrangle, elle m’angoisse, je m’y perd.


J’ai peur d’aborder quiconque, me dira t’il que le mec assied dans la flaque l’a mérité ?


On mérite tous non ? Alors et lui ?



J’ai même pas envie de continuer à vous l’écrire, la bêtise de notre siècle, le cynisme et les écoutant. Je n’ai plus envie de vous, je n’ai envie de rien, sûrement un chien, à le promener toute la journée à travers la plaine, trouver un ruisseau et y lire des poètes, qui me racontent comment la terre est belle au soleil levant, comment l’humain est beau le soir contre la fenêtre.



J’ai même plus la bile. Je suis las, vous êtes immondes, veule, lâches, stupides, abjectes. Sans rêves. Vous n’espérez même plus, n’avez plus le souvenirs de vos rêves, j’aimerais être là à chacun de vos derniers souffles, ce regard qui comprend, qu’il n’a rien compris, qu’il n’a rien accompli.



Je vais me retirer, je sais pas comment, sois vous mourir dans la plaine, sois faire spectacle, me pointer à l’Élysée, dégommer les gardes, puis Brigitte et bouffer le prince à pleines dents. Vous le pleureriez bande de zombie ou de lâche, à vous de choisir votre meilleur profil.



Je vais me retirer. Je ne sais pas encore comment, je ne sais quel espoir je fous dans la vie, mais je vais me retirer.


Peut être j’y croiserais un de vos abrutis, un paysan qui vis de son champs, qui vit de son pays, qui n’a jamais voyagé et qui connaît chaque oiseaux qui migrent dans chaque arbres, avec qui je promènerais nos chiens chaque matins, quel que soit la saison, il me racontera les bourgeons.


Ce sera une vie de pensée, ce sera une vie d’imaginaire, à voir les saisons se prélassées, se sera une vie simple, à chier au fond du jardin, les jambes au soleil, la gueule au ciel.

Ce sera une vie, pas celle de vos métros, pas celle de vos courses, pas celle de vos hypocrites, pas celle de vos remplis. Celle des silences, celle des besoins circonscrits, de celle qui attend que gronde.




Je n’ai plus de bile. Vos envies, vos passions maniaques, vos désirs, vos atermoiements, vos gloires, ne sont que mes chagrins. Vous vous foutez qu’une meuf gagne 1300 euros alors qu’un autre gagne des milliards, cela devrait être votre seul combat. On s’est toujours fait baiser, le peuple s’est toujours fait baiser et ce monde, et ce modèle ne fais que l’accentuer, cela devrait être votre seul combat.
Je ne peux plus, je n’en peux plus de vous hurler à la gueule l’indécence d’un monde, d’un modèle, et vous aveugles, sourds, qui vous échappez.


Bandes de lâches, vos dernières heures seront violence, regrets, envies, ba oui connasse il n’y avait pas que vinted.



Je ne sais même plus comment écrire, j’en ai plus envie, juste de m’enfuir, il n’y a rien à faire parmi vous, d’autre que de vous laisser crever dans votre monde, et je n’enlève pas les sans paroles de mon écrit, ceux qui ont intégré et ne savent se rebeller, il faut être méritant non ?

mardi 3 janvier 2023

22.12.22

23h22




J’ai le besoin de faire tomber la veste, d’écrire comme pour vous dire qui je suis ou j’en suis, et certainement plus d’où je viens. C’est pratiquement le premier truc à comprendre puis brûler.

D’où l’on vient, on peut chercher à le comprendre pendant des milliers de pages, des milliers de larmes, des milliers de regards dans le vide, des milliers d’angoisses, des milliers de réveils dégueulasses, en ériger des symboles, mais une fois que c’est compris ? En juger les acteurs ? En scander les malheurs ? En ériger un drame ? Je crois que ce n’est bon qu’à s’en souvenir, le garder en mémoire et le ressortir juste quand il est nécessaire de se rappeler.


J’ai besoin de faire tomber la veste, d’arborer le statut de malade, d’angoissé, celui que vous voudrez, intensité surtout, d’alcoolique, d’obsessif, de phobique. J’ai besoin d’oser qui je suis pour ne plus avoir à faire semblant. Un jour j’ai dis à mon psy que j’avais une grande gueule, que je prenais toujours toute la place en société, où que je sois, que j’étais trop sur de moi et que j’avais envie de changer. Alors il m’a dit : « vous pensez que vous êtes trop sur de vous ? La personne sur d’elle, elle dit ce qu’elle a à dire puis elle se tait non ? Si elle n’a rien d’autre à dire ?! ». Je ne veux plus être cette personne, comme je ne veux plus être le gars que l’on chambre sans penser à mal, comme je ne veux plus être le gars que l’on touche et qui sursaute comme si tout son être était rempli de militaires que l’on auraient jeté dans un guet apens et qui attendraient, pétrifiés, bougeant nerveusement, de savoir d’où viendrais le danger.
Je veux faire tomber la veste, je ne veux plus passer pour un abruti dans une foule de cinquante mille personnes quand on me demande si je veux faire un slam et que je dis en blaguant que je ne peux à cause de mon poids, je me rappellerais toujours cette réponse d’un parfait inconnu «  ba pourquoi ? ». C’est à ce moment que je me suis rendu compte que certains pouvaient porter une caravane sans se poser de question, à ce moment là je me suis senti libéré, oui je suis malade et oui il n’est absolument pas normal d’être obèse morbide quoi que tout les abrutis puissent en dire mais ça n’appartient qu’à moi et je n’ai pas perdu le droit de vivre. C’est à ce moment là que je me suis rendu compte qu’hormis mes amis personne n’en avait rien à foutre de mon poids dans tout le festival, c’est à ce moment là que je me suis dis qu’il était important de se construire.



Le plus dur c’est de faire tomber les statues, la tienne, celle de ma grand-mère et tant d’autres, et même des préceptes : « le génie n’a pas besoin du travail », «  on peut faire statue de toute glaise », « repousser ce n’est pas chuter », « Il suffit juste de se lever et de se dire que l’on veut autre ».
Elles sont là justement parce qu’elles sont mortes, qu’il est bien plus simple de graver quand tout est figé, qu’il est bien plus simple de prier quand il est absent. C’est une reconstruction lâche, certaines de ces idoles ne sont même pas mortes, c’est une reconstruction lâche, mais il se joue ici la perte. La perte comme repère et la perte comme reconstruction, la perte aussi, comme enseignement.
Comme s’il n’était possible d’investir qu’à travers elle.



Le plus dur c’est de faire tomber ta statue. C’est toutes mes nuits, c’est celle que je pense toujours, c’est comme parler au mort à la place des vivants, parce que cela m’est plus simple.

Mais tu es toujours là, tu es la seule, j’ai fait mourir ma mère, mon grand frère, ma grand-mère, mon grand-père, ma maison, le moi du lycée, la clope, l’alcool, les absolus, les transes, les incontinences, les seins, les modèles, l’idée de toujours être au dessus du réel et d’en mourir jeune s’il le faut, mais pas toi.
C’est la seule chose, je crois, que je ne comprend toujours pas, je pourrais être papa aujourd’hui, je pourrais aimer, mais je ne saurais me dévêtir, j’ai l’impression de te tromper, j’ai l’impression de nous saloper.

J’ai même réussi à y comprendre mon vieux! Mais tu es la statue qui trône, je ne peux aimer sans te penser, je ne peux dormir sans te penser, je ne peux excès sans te vouloir, je ne peux me reposer sans t’espérer.

Et je sais, je ne t’écris plus, j’ai laissé le marin à ses mourantes et pourtant, j’ai toujours ce sourire gravé dans ma mémoire et ce rire. Et c’est marrant, j’ai fait un rêve l’autre soir ou je ne sais pourquoi on était de nouveaux ensemble, déjà dans les trois quarts on ne baise jamais et c’est une problématique, mais pas là, tout était génial, je venais chez toi, je revoyais toute ta famille, on faisais des soirées avec des potes mais très vite j’ai compris, tout ce qui m’étais insupportable et le rêve s’est transformé en angoisse, je voulais absolument me barrer, j’en rencontrais une autre et je n’avais qu’envie d’être avec elle.


Je ne pense pas que ce fut horrible loin de là, ce n’es pas la volonté de cet écris mais je crois que ça montre pourquoi je n’ai pas compris notre dernière nuit, pourquoi je dois demander à mon psy ce que tout cela signifie alors que lui même est à deux doigts de me rembourser cette séance éhonté.


Comme si te maintenir au présent me maintenait loin de notre passé, comme si te vivre m’éveillait, comme si te souffrir avait un besoin de pénitence. Comme si te présent me maintenait, comme si te passé m’appaisait.



Je m’en veux, de tout, je m’en veux et je commence à le combattre, j’ai du mal quand on me reproche ce dont je ne pense pas être fautif, ce n’est sûrement de la faute de la personne, j’ai trop longtemps tout accepter. Tu n’es peut être que le zéro de ma valeur justice, mais je le sais tout cela, je le théorise tout cela. Pourquoi bourré, alors que j’ai un sourire à qui me vouer, je ne pense qu’à toi? Pourquoi dès la fin d’un concert, que l’endorphine me submerge, je ne pense qu’à t’embrasser ? Et tu sais ce qui est le plus flippant, c’est que je n’ai même pas envie de le résoudre, le comprendre, j’ai encore envie de me penser te danser, bourrer, à t’entendre rire bien au-delà des murs et comme avant t’embrasser.



«  Ce que je ne vis pas me rend plus fort », je crois que pour moi c’est notre présent, il y a un délire presque de cabane, presque enfantin et en même temps on s’est construit à travers des malmenants. Ta mère était totalement abjecte avec toi, ton rôle était presque celui d’un conjoint alors que tu avais quinze ans. Dans un autre registre, ma mère et mon père étaient totalement abjecte avec nous, lui ne voulais pas que je te fasse de mal, c’est dire ce qu’il pense de ses enfants, et elle ne voulait juste pas se contraindre à une engueulade. Pour toi ma mère était fautive, et tu m’étonne ! Seule responsable de notre vue de gosse, de toutes ces nuits ou on ne rêvait que de s’aimer, à s’endormir dans les bras… Ou elle défonçait la porte pour nous réveiller parce que l’on avait outre passer, mais outre passer quoi ? Le droit de se dormir dans les bras ? Et lui, à refuser de revivre sa jeunesse à travers nous ? On l’emmerde… Alors Vince qui nous ramène, de ci de là, à trois heures du mat…


Je n’excuserait jamais ma mère, parce qu’il est trop simple de dire qu’elle n’avait le choix, elle a décidée ! Elle a jugé contre, c’est également de sa faute ! Je n’excuserait jamais mon père de ne jamais m’avoir dit pourquoi il m’était impossible d’aimer celle, avec tout ce qu’il y a de passion et de trivial.



Mais je peux les comprendre, je crois que tout ce qui fut dans leur propre couple n’a été que virus…



Je n’excuserais jamais ma mère de n’avoir su entreprendre, autre que sa vie à travers lui et après de m’en avoir surchargé. Je ne l’excuserais jamais de n’avoir été là sauf quand il ne le devait pas, mais ce fut notre histoire. Ta mère qui use de ta grand-mère pour te gifler, moi qui raquette l’ensemble de ma famille pour te payer un stylo plume, toi qui m’organise le plus beau des anniversaire, moi qui m’en fout. Je pense que l’on est née de trop de besoin pour en être, que si aujourd’hui on se rencontrait dans un bar, déjà je te ferais des blagues pourries et il y aurait un armistice, se penser, avant de chavirer.

J’étais ce gamin en veste de smoking, tu avais besoin d’aimer autre et j’avais besoin de ma brune pour en être.



Mais, mais, mais, tu es toujours là, depuis le premier souffle :


« Quand on est tellement seul que même la solitude,
Vous semble être une amie dont on se passerait,
Celle qui fut toujours là depuis le premier souffle,
Qui depuis ce jour-là ne veut plus vous quitter.
Quand vous ne savez plus qu'un jour vous saviez rire,
Quand le mal a choisi votre âme pour empire.
Quand tous les romantiques et les tristes du monde,
Ont choisi votre cœur pour se mettre à pleurer.
Que tout est noir,
Que tout est noir,
Comment te dire,
Que tout est noir,
Comment j'ai peur,
Comment j'ai froid,
Comment te dire,
Quand t'es pas là,
Que moi sans toi,
Ca ne veut rien dire,
Comment te dire, dis-moi,
Comment te dire,
Que moi sans toi,
C'est comme un rire,
Qui trouve pas,
Vers où mourir. »


Je ne suis pas de ceux : « qui se conçoit bien s’énonce clairement », je suis plutôt de ceux : « ce que j’ai du mal à concevoir ce doit d’énoncer »...


Peut être que tout cela n’advient que parce que pour la première fois depuis tente ans, je me vois être.

Peut être que tu es la dernière statue à détruire parce que tu es un devenir. Ou peut être tout simplement que je nous vois en accord au dessus de la meute.



Je t’aime, je ne sais pas comment, pas de qu’elle manière, si c’est de notre histoire ou de ce que j’entrevois, mais il est certains que je t’aime.




Parce que moi je n’ai qu’à te dire que tu l’a sauver ma peau, qui que tu sois au final, tu es presque le seul souvenir que j’ai d’heureux.

En tout cas je sais, et je sais d’exercice anciens comme récents, qu’il n’y a qu’à toi que je pourrais dire avarices.



Il n’y a qu’a toi, statues ou peut être bien trop vivantes, que je pourrais dire, au creux de tes genoux, à y lever ma gueule à tes lèvres.



Pour y dire et en écouter notre ruisseau… Ce tressaillement, un silence, cette virgule constante sur un cailloux, c’est toute notre vie.




Chantons ! Chantons, l’amour jusqu’à la mort ! Chantons ! Une éclipse sans aurore ! Comme lui dire au revoir un matin sans jamais la voir franchir la porte. Debout, ivre, dans ce salon, le genoux qui claque sur la table basse. Tu la chante, celle qui est partie au petit matin, son sweat au bout du cou, d’un matin qui se perle, tu la conchie dès que son sourire a disparue, parce que tu sais qu’elle ne sera que cet éphémère. D’une nuit, sa main contre le mur, d’une nuit la tienne qui ouvre ses fesses, d’un nuit à boire des cendriers, d’une nuit à s’exploser à travers son bide… Les jours de fêtes…



Ce tressaillement, c’est toujours le tien, et je sais quand ça ne le sera plus, ça a toujours été le tien même quand on ne s’appartenait plus, lorsque l’on ne suffisait pas !



Je crois que tu en es la statue, parce que ma relation à mon père est morte et c’est reconstruit, celle de ma mère se rétablit, le souvenir de ma grand-mère est un patch, mon frère s’est intermédiaire, mais tu es l’inachevée… L’inachevée de celle qui aurait pu être, je crois encore maintenant que ce n’était pas important de se survivre, mais je crois que tu réside dans ce survivre, nous sommes mariées par toutes nos guerres, on en a déclamés des conquêtes de généraux rangés, il est grand temps de se gloire. Toi et moi, d’en devenir…



Tout ces textes sur des plaines immaculés ne sont que les tiens, je t’ai espérer trop tard mais je nous crois encore, d’en écrire encore et pour toujours des souvenirs de marins qui se demande sans sommeil, ou l’autre se trouve.


On est encore, ce perdu qui la devine, qui la demande, qui se demande ou elle se trouve, qui s’asseyant sur un banc, l’invoque par la pensée.


On est encore ces galériens qui se chantent dans nos rêves, qui se devinent à travers un spleen, qui s’inventent le cul sur un banc.



Aucun de nous deux n’a aimé comme l’on s’est aimé. Je sais que tu ne voudra jamais y répondre, tu pense nous avoir chassé en traversant une mer, dans une capitale, un soleil au travers une falaise.


D’Irlande ou de France, personne ne pourra nous ignorer, partout, il est l’histoire d’une brune, d’une grâce au sourire de ciel, d’un absolu qui raconte à qui veut l’entendre son horizon… D’une sublime qui court juste pour l’ avoir fait…


Et l’histoire d’un teigneux, voûté, qui, la clope au bec, y regarde la plage comme un souvenir, du long d’une tige qu’il crame.