samedi 4 avril 2020

Bribes

02.04.2020
05h18

Rien n’est plus insatiable que le manque. On a beau essayer de le combler par d’autres addictions rien n’y fait, même à deux paquets, bourré tout le jour, y a toujours ce mal de bide. Les quais sont tristes, les rues sont tristes, l’autre con est triste. Je ne le comprend pas le marin, attendre toutes les nuits c’est ignoble. Une puissance qui vous saisi à la gorge, dans la lutte, à tenter de desserrer ses mains autour de son cou.

Peut être cette nuit, un peu tôt j’arriverais à m’endormir. Peut être que cette nuit je n’imaginerais pas mes veines exploser les unes après les autres. Peut être que je n’aurais pas mal à la nuque.


« Je crois que je lui préférerais la léthargie tu sais. Je crois que je préfère ne plus le savoir. Tout brûle si tu voyais. Je sais quel chanson elle est. Ça a toujours été le début pour moi. Je crois que jamais le coma ne s’est fait aussi proche."


La bière a le goût du sang. Elle à le goût des autres, de cet autre. Elle à le goût de plus. De brûler tout un univers pour la faire ressortir. De brûler une dizaine d’année pour la voir apparaître. Faire brûler le bide du vide qui me consume.
Elle a le goût de ce rien, elle a le goût de la peau sur le clavier. Elle a le goût de cette odeur, de cette vue, elle a le goût de ta salive. Elle la le goût de tes seins et celui de ce silence.
A bout de souffle, elle a le goût de tes silences. Putain qu’elle a le goût de tes chuchotements, du marin.

Et tu le sais toi qu’il n’y a rien d’autre que le vice, qu’il n’y aura rien d’autre pour s’y lancer.
J’aime ne plus pouvoir l’écrire. Et putain que j’emmerde le marin, je n’aurais jamais su lui résister, à sa place j’aurais bouffé tout le sable. Je ne sais pas aimer, je ne sais qu’être la Gorgone, au toujours à pétrifier ma proie.

«  Je sors un jour de peine, la cabane tient le poids de tout tes malheurs. Qu’ils sont tristes, je les entend chaque soir, à chialer sur les bords de seine.
La bière a le goût de sel, c’est celui de tout et rien, c’est celui des amours tièdes. »

Même les fracas sur le clavier sont tristes, que vais-je faire quand la marée monte ?



08.04.2020
21h35

Certains oiseaux sont capables de voler dix mois sans se poser. A chaque fois que je bois je me dis que le lendemain je voudrais m’y ressentir heureux, mais à chaque lendemain je me dis juste que jamais plus je n’y sombrerais. Quel est le naufrage, celui de ne pouvoir être ou celui d’être saoul. Alors comme le marin j’y repense, sans cesse, à la tristesse je lui préfère le manque. Toujours. Comme le marin qui chaque soir se plonge la gueule à la vague pour se rappeler que l’on peut s’y noyer.

Certains oiseaux sont capables de voler dix mois sans se poser. A chaque fois que je bois je me rappelle mon père, à la manière honteuse de se diriger vers la bouteille, à la façon de se servir un verre, à chaque fois à aller pisser.
Et je me préfère en ce marin, à chaque fois à hurler à tout ces autres, seul sur sa plage, devant le plus beau des tableaux, sans raison.

Certains oiseaux sont capables de voler dix mois sans se poser. Et moi qui ne suis même pas foutu de lui bouffer le cul jusqu’à ce qu’elle en pleure. Je n’arrive plus à l’écrire, celui de ce marin qui s’en meurt chaque soir, celui de ce bourré qui en pleure toujours . Je ressens les parfums et l’orage mais je m’anesthésie pour ne plus en être. Je n’en peux plus d’y entendre les cris et la pluie.
Ivre j’ai envie d’une orgie, pour les anesthésier, le bruit sourd d’un crâne sur le mur me semble paisible. »



20.04.12
05h58

Elle était blonde. Le temps d’un été. Le temps d’un désir, le temps d’un plaisir.
Putain que t’étais belle au fond de cette caisse. Putain que t’étais belle sur cette chaise.
La jeunesse, on se boit. L’un dans l’autre.
Tellement de falaise, mais aucun mur.

Rappelle toi ado, juste à se marrer, lorsque la nuit et les étoiles sont déjà surprise.
Rappelle toi à se marrer à la rue. Rappelle toi les lumières dans le sable :
« T’a des cheveux pleins la gueule. Faut vraiment être ado pour se mettre un casque sur la gueule.
Pour s’en écrire des tatouages au stylo sur les bras. A fumer des bouts de bout de clopes. A en boire des whisky-coca.
Et cette nuit sur la plage, ou après avoir couru sans trop savoir pourquoi, tu t’allonge sur le sable, à l’envie, tu me prend le bras. Tu lui dessine dans le ciel, une étoile ou deux, de trois ou de quatre rêves, t’y dessine un sourire.
D’un rire j’ai eu envie de t’aimer. Tes hanches s’agitent, j’entends les vagues sur le récif, mon cœur se dessine. Il me crie de te prendre, de te saisir au dessus de mon crâne, à voir cette gueule fendre la lune, un sein dans mes mains. Les yeux sur un astre, à oublier. Mes mains sur son cou, elle suffoque, alors je sers. Plus je sers et plus tu jouis. A tu conscience que c’est la dernière fois que l’on pourra y voir les étoiles ? »

On a grandi sans y voir le parfum, à toujours à y voir une femme courant dans les champs, béat.
Elle ne sait pas si elle peut surmonter sa vie mais c’est seulement avec elle que le marin voudra la submerger. Au pied de sa forêt sans ciel elle ne se souvient pas de ce sourire, celui qui peut guider des vies. L’importance et la force qu’elle peut procurer.


Kate : « Je ne crois plus à l’amour! J’en rote de les voir s’agacer. Putain que j’ai vieillie, l’impression de gonfler un ballon, encore et toujours et quand je me réveille dans la nuit il explose. Lorsque vendu au cou d’un autre j’y vois le ciel, il est noir comme ma peau. Il me susurre un réel et je l’emmène bien au-delà d’une nuit, il y fait noir comme les yeux de la vierge. Je n’arrive pas à y voir le bien, peut être qu’ils en rêvent, des filles à se suspendre à la lune, à en tuer le temps. Ils oublient qu’il y a toujours une corde. »



16.04.2020
22H30

Allez va y plus fort ! De ce que tu veux, juste pour ressentir.
Avec l’alcool j’ai la mémoire qui flanche, je ne sais pas si c’est grave. Je ne sais pas si il est grave de ne pas s’en souvenir. Je sais juste que j’y perd tes sourires, les pensées. Je sais juste que j’en oublie des instants. De ces instants.

Allez va y plus fort ! Putain détruit la cité, détruit leur place, détruit tout ce qui tourne autour de nos gueules. Détruit tout ce qui reste, qu’il n’y ai qu’à s’y bouffer. Qu’à s’y bouffer entre ces planches collées au plafond, qu’à faire pleuvoir la bibine et se consumer à en crever. Avec le sourire putain, ta gueule la bouche ouverte, mon corps de liqueur impuissante. Allez détruit tout, à chaque battement de rein, à s’en enorgueillir de toujours en transpirer de se baiser.

Allez va y plus fort. A y mettre ton poing, à poil sur la paillasse, le sourire dans le vague. A en détruire chaque meuble, et y inviter chacun à s’aimer jusqu’au poing. Au point de ne plus en regretter. Que le vide immense de la fuite de ton baiser.

Allez va y plus fort. Du matin, à le faire crade, la sueur et les regards. A les enlever au couteau.

Allez va y plus fort. Jusqu’aux larmes, juste de quoi oublier. Et puis pourquoi pas les sublimer, d’y croire qu’il n’existe que des immondes juste pour pouvoir les sacrifier. Et au petit jour quand il n’y a que nous, entre ces planches, tes mains qui se suspendent et tes jambes à mon sexe, on s’y balance, fredonnant, toutes ces mélodies, tu sais celles d’un instant. Le rythme d’un voyage, et le cri d’un départ, le regard d’un devenir, la sueur d’un instant.


Putain que t’es belle et puis t’a des lèvres et t’a pas trop de chair, et puis t’aime quand je te fait rire, et puis t’aime ne pas savoir si toi ta mal à la gueule. Putain que l’on s’aime quand le grincement d’un meuble nous fredonne l’amour d’une langue sur la peau. Putain que l’on s’aime quand tout l’appart transpire nos effluves. Et même mort, s'il te plaît jouis de ces effluves, caresse toi sur ma jambe, caresse toi avec lui ou elle près de nous.

Putain que t’es belle, même mort je crie à en réveiller nos villages. Je…




19.04.20
06h02

L’impression d’y voir à travers un verre. L’impression qu’il y fait jour quand le soleil se tire. L’impression que l’on est deux quand je me couche. L’impression de t’y voir à chaque pas.

L’envie d’y jeter un corps à chaque fois, de me fracasser contre le mur. L’envie de te lécher et de t’asseoir contre mon corps. L’envie d’en crever de cette bière sans fond et d’en vomir jusqu’à la dernière goutte. L’envie que tu me frappe pendant que l’on baise, à ne plus pouvoir parler.

Ils en meurent de trop de sommeil et regarde nous sans avoir bu. Ils en meurent de trop de sommeil et regarde moi sans avoir bu. Ils en meurent de ne savoir quoi en foutre et se regardent à la fenêtre. Ils en meurent de ne pouvoir s’écrire et s’imaginent sur le toit.

Le marin est le seul à l’avoir compris, que l’on ne peut vivre seul. Le marin est le seul à le savoir, qu’il attend pour pouvoir y revivre. Le marin est le seul à y voir, une plage remplie de navires. Le marin est le seul à y entreprendre, une vie d’absence.


A se planter la gueule dans le ciel, toujours ivre, il y comprend une vie sans vouloir. Il y apprend une vie béante. Il attend à se cramer l’iris sur le crépuscule, et putain qu’il fantasme les coucher.

A se planter la gueule dans le ciel, il y voit l’angoisse, et si à chaque lendemain il se promet de ne plus boire, chaque soir il est comme un gamin à y redécouvrir l’espoir. Et chaque matin il vit l’angoisse, et chaque matin il va s’acheter son aspirine, pour le soir pouvoir y hurler face au vent, comme pour ne pouvoir y fredonner qu’à lui. Le pied sur le bord, de sa falaise il hurle dans ses bras, un amour ne se vit qu’entre amants. Et les pieds dans le vide, même la lune se cache derrière les vagues, il n’y a ici que le portait d’une ombre se tenant au dessus du néant.

Ils dorment encore pendant que je danse au milieu des bouteilles, la musique s’arrête, j’ai envie de fumer et frénétiquement je cherche une autre bière. Filez-moi de la javel, tant que ça noie ma gorge, filez moi du détergeant tant que ça la brûle. Tu pense toi qu’il faut y vivre le jour ? Qu’il faut les vivres tant qu’il en est encore temps ? Tu y crois que l’on ne sait pas voler, et ne s’en rendre compte que la gueule à l’asphalte. Frôler la mort d’un étranglement. Devenir fou à s’y exploser le dos sur chaque meuble.

Tu y crois que l’on ne sait pas voler, y redevenir, y redécouvrir, y revivre, y aimer, y sourire, y voir, y réapprendre, s’en sortir.




26.04.20
08h02

On ne peut y rêver de baiser au-delà du portail. On ne peut y rêver d’y traîner les bars. Deux jours de repos se serait déjà y frémir. Putain que j’en suis bourré à y voir une tente sur les rochers.
A y jouer nos sexes pour les faire mordre.

On pisse debout, putain ça nous fais rire. Le vent isole nos joies, pour que seul nos regards en soit. Je te vois tu hurle au vent, putain je me vois y faire pleins de gestes.
Le soleil s’y couche toujours lorsque l’on y baise à la falaise. Il s’y couche toujours lorsqu’il ne sait qu’en faire. Il s’y couche toujours au matin lorsqu’il ne sait s’en rendre plus magnifique. Au tragique, il ne peut exploser. Il y vivra toujours un soupir, il y vivra toujours tes yeux au ciel, y verra toujours une Amérique.