vendredi 17 octobre 2014

Nouvelle Policière (1ère partie.)

Chapitre 1


Il est 6h33, c’est le matin, Rouen s’éveille sous la brume, il fait froid. Divers manuels s’affairent devant les magasins. La ruelle est à une centaine de mètres à droite de la gare, elle est sombre, trop étroite pour le passage d’un véhicule, cinq immeubles la constituent de chaque coté. Un peu avant la fin de celle-ci des policiers travaillent sur la scène de crime. Ce matin un appel d’Hervé, le sous brigadier, m’a extirpé d’un rêve, banal, un de plus. Il m'a dit qu’un corps gisant sur le sol a été retrouvé dans une ruelle  proche de la gare.
L’immeuble en face duquel se trouve le corps est de type haussmanniens, il fait quatre étages. Au premier des plantes vertes sont entassées sur un balcon étroit. D’épais rideaux pavés de fleurs m’empêchent de voir l’intérieur, une femme habite ici, certainement une jeune femme qui n’est plus étudiante depuis peu, j’aurais aimé en voir davantage. Au second, la lumière resplendit dans l’appartement et un jeune Homme  prend des photos, je perçois un amusement sur son visage, un jeune homme banal, heureux de voir son existence bouleversée. Les cadavres en amusent certains. Le troisième étage ne semble pas habité, pas de volets, de rideaux, on distingue des murs.. blancs, et rien d’autre. Face à cet appartement dénué d’intérêt, je remarque sur le coté de la fenêtre, que la matière de la roche qui compose le mur du bâtiment est singulière et m’intrigue, elle semble vitreuse, humide, comme si une fine couche d’eau la recouvrait constamment. C’est alors que tout naturellement, j’en viens à admirer le quatrième appartement, dans les combles, une chaleur se dégage de celui-ci, serait-ce ce jeune couple qui boit son café à la fenêtre?
La fumée de ma cigarette me rappelle.
 A quelques pas de moi se trouve un Homme, la quarantaine bien trempée, d’après les légers rides sur son visage et les quelques cheveux blancs qui commencent à perler sur son crâne. De plus, le dessus de sa main commence à recevoir ces plis qui vous rappellent que vous n’en êtes plus à votre première carie. Il est vêtu d’un gros pull gris foncé, et d’une veste marron de faux cuir usé, il porte aussi un jean troué à la base et de grosse chaussure de randonneur beige, bien que dépareillées cela n’est pas choquant, par contre nous savons désormais que notre victime est un SDF.
Ce qui était plus troublant, c’est la raison pour laquelle il est mort, sa tête a visiblement été arrachée de son corps.



CHAPITRE 2

«  Inspecteur » me dit Hervé.
  • « Vous voila enfin! J’ai quelque chose d’assez surprenant à vous dire ». Je ne le laissa pas finir sa phrase.
  • «  Vous savez Hervé dans un milieu où le mauvais vin fait la loi, rien ne peut m’étonner.» J’étais, je dois l’avouer, assez fière de moi.
  • « Oui mais là c’est vraiment bizarre, nous n’avons pas retrouvé l’arme du crime » me répliqua-il.

    Ennuyé, je demanda au médecin légiste ce qu’il en pensait:
  • « Je ne peux me prononcer pour l’instant, néanmoins ce qui est troublant c’est que les déchirures à la base de son cou ne sont pas assez nettes et précises pour qu’une lame ait fait cela, en fait je ne vois pas quel arme aurait pu couper une tête comme ceci, la coupure est brouillon ». Sur ces mots il rassembla son matériel et partit dans son véhicule, dans quelques heures il sera, je l‘espère, plus bavard. C’est vrai que cette tête parait avoir été arrachée avec hargne. A moins d’un mètre du cou se trouve celle-ci, raccrochée à la colonne vertébrale.
 Il faut retrouver l’arme du crime, j’ai comme une désagréable sensation, je n’ai pas envie de me faire chier toute une semaine sur le crime d’un SDF pour à la fin savoir que lui et un de ses acolytes se sont entre tués sous le dictât d’un pinard de la Communauté Européenne.
  • « Hervé » dis-je avec force.
  • «  fais interroger tout les SDF que tu trouves aux alentours, je veux savoir s’ils connaissent cette homme, s’ils l’ont vu le soir du meurtre, bref, tu connais ton métier, je veux tout savoir sur eux, leur possible relation avec la victime, toutes les anecdotes sur cette rue, s’il avait des ennemis, des antécédents, un passé décent.  Envoi aussi une équipe fouiller, à un kilomètre à la ronde s’il le faut, pour retrouver l’arme du crime. »

     Je me retournai aussitôt, pour m’enfoncer dans ma voiture direction le commissariat. Je connais Hervé depuis longtemps, il travaille avec moi depuis son arrivée au poste, il fait ce qu’on lui demande, c’est un brave gars.


Chapitre 3

Le commissariat se trouve sur la rive gauche de Rouen, peu avant St Étienne du Rouvray.
.Il est petit  et se situ au rez-de-chaussée d’un immeuble quelconque, dans l’entrée se trouve un secrétariat, avec un desk et sur le coté des chaises pour s’asseoir, ensuite s’en suit un long couloir, un bureau de chaque coté et une pièce d’archive au fond.
La voiture garée. Je franchi les portes coulissantes, la tête baissée, une voix nouvelle me la fit lever. Une magnifique brune se tenait devant moi, drapée dans un long manteau noir. Une écharpe blanche surplombait ses seins cachés dans un pull, son cou était visiblement chaud, ses lèvres dansaient brillamment au rythme du chant de sa voix. Elle avait les yeux verts, recouverts d’une fine couche transparente qui leur donnait un éclat semblable à ce coucher de soleil que j’adore admirer l’été quand le jaune et le rouge s’aimant, s’enlacent en s’endormant. Au centre s’émerveillait de se trouver dans un tel état de grâce, une étoile. Les joues rougies par le froid et de longs cheveux bruns lui caressant le haut du dos venaient finir de combler ce tableau. Elle avait un corps à faire pleurer le pape.
Balbutiant, je lui ai demandé ce que je pouvais faire pour elle. Elle me répondit qu’elle était stagiaire et qu’elle était ici pour une semaine, à sa demande. Chaque sourire, en plus d’être somptueux, sortit de ses deux lèvres que seul la nuit  ne peut voir, convenait avec aisance aux phrases qu’elle prononçait. J’ai tout de suite pensé qu’elle était étudiante et que ce stage était une erreur, sa beauté ne pouvait pas la laisser entreprendre une carrière aussi décevante. Elle était des nôtres, mais destinée à nous surplomber.
Hervé m’a dit par la suite que c’était une stagiaire de 22 ans qui nous suivrait pendant une semaine, qu’il n’en savait pas plus et que si je voulais le savoir je devais voir avec Thibaud mon supérieur. L’idée me glaça le sang. J’aime assez ne pas savoir qui elle est, elle sera là à mes coté, voila ce qui m’importe.
Je lui ai expliqué l’affaire en cours, elle s’en est amusé, elle était joyeuse, impatiente.
Nous sommes montés dans ma voiture, je devais  aller à l’hôpital voir le médecin légiste. L’atmosphère était glacial, j’étais là, crispé au volant de ma voiture, quand elle a prononcé ces quelques mots «  vous aimez votre métier? ». J’étais partagé, dois-je réellement lui faire savoir que tout comme les morts avec lesquels je passe mes plus belles journées, ma vie n’était que futilités et banalités avec qui j’ai lié une amitié certaine, trop paresseux pour lutter ? « Oui, le plus beau c’est le visage des familles vous remerciant d’avoir retrouvé l’assassin! C’est pour ça que j’ai voulu faire ce métier! » En disant cette phrase tout droit sortie d’un feuilleton policier, je pensais avoir fait au plus juste, seul son silence triompha. Je m’en suis voulu, pensant à pleins de phrases bien meilleures que j’aurais pu dire. Nous sommes arrivés à l’Hôpital.

samedi 4 octobre 2014

Samedi 04 Octobre 2014

Samedi 04 Octobre 2014
03h05




Bien sur que l'on a tous l'espoir qu'elle nous dise : « ressert à boire » comme il aime à nous le dire.

Je suis seul au fond de mon whisky, m'accrochant à cette prison de verre, trop peureux pour m'en taillader les veines et la musique en fond qui n'est pas assez forte.



Allez va sur d'autres boulevard ma chérie !

Allez je suis bourré, va t'en ailleurs clamer ta poésie !

Crade, un vieux pull dégeu et beaucoup trop de kilos.

On s'aime en ce triste soir.

Putain qu'est ce que tu m'aime ce soir.



Je nous vois là, danser, halluciner, autour de ces badauds, rappelle toi le 21 Juin, un énième feu d'artifice.

Au centre de tout ces affolés, toi et mon imaginaire, vous dansez. 

Désespéré, désenchanté, je cours après chaque putain, au fond de chaque bars.

J'en ai rempli des rêves, trop noirs pour effrayer mes nuits.

J'en ai aimé des absentes.



J'aime à entendre ces bourrés à la rue, monstres infâmes, montrés du doigts par des centaines d'insipides.

Vous le savez vous ! Ces êtres normaux, socialement rangé, des pages blanches qui se déplacent en bande pour mieux hués le pauvre gars heureux.



J'irais jusqu'à l'autre bout du monde, pas pour te cueillir je ne sais quelle fleur stupide, mais juste pour leurs apprendre ton nom.

Pour essayer de leur faire comprendre.

Qu'avec toi, putain, j'en amasserais des chutes et qu'à chaque fois, comme un roi, je me relèverais, juste pour te regarder.



Tu les as vu toi ? Tout ces abrutis qui grouillent, trop inconscient, trop déterminés à attendre le mur.

Ils seront un jour entre ces quatre bourreaux avec le ciel comme seul horizon. Le regarderont-il ?



Tant de putains à chaque texte, tant de rappel. La voix éteinte, le cœur absent, je n'ai plus que ma chaire imposante pour t'inviter à me rejoindre.

Viendras-tu ? Toi qui juste d'un sourire fait se lever un empire.



Je suis ivre tu sais. Lucide. Lucide.

Encore une fois laisse moi nous emmener, nous sublimer.





«  Allez viens ma Reine, je n'ai comme trône qu'un peu d'amour.

Allons loin, sans contrainte.

A travers les gens, être des fantômes.

N'ai jamais les yeux secs mon amour, la pluie dans les miens feront naître, je l’espère, le plus beau des fleuves.



A zigzaguer entres les Hommes, invisibles, soyons heureux.

Ce ne sont que des chiens, l'enfance est innocence, l'adulte insouciance.

De nos doigts invisibles nous leurs dessineront des sourires.

A leurs gueules mortes.



Nous les caresseront et eux se rhabillerons, prenant notre chaleur pour leur tiédeur.

De nos teints pales nous feront naître le jour.

De leurs joues roses ils peinent à faire taire la pluie.

Nous les toucherons, assez fort pour faire valdinguer leurs bras.

Et en pleines rues ils seront gênés de l'avoir, rien qu'une fois, levé.

Soumis à l'être et surtout au paraître, le bras au ciel, triste douleur.

Pour un esclave il est dur d'oser la liberté.

On s’amusera comme des gamins, cruels, brûlant des fourmis sous la loupe d'un siècle livide.



Enfin et seulement quand le temps viendras.

Seulement quand les faire exister nous ennuieras.

Nous pourrons joindre nos mains et nous éteindre.



Quel importance a la vie si ce n'est d'être ? »