dimanche 1 mai 2022

Avril 2022

 

Mardi 29 Mars 2022

03h22



Bonne nuit ma dame.


Il y a un regard. L'amour a un regard, la tête légèrement abaisser et les yeux droits, la pupille dilatée comme si elle ne regardait pas ta peau mais le vide, l'après, pas la chair mais l'après, c'est un regard qui vous tétanise, c'est un regard que le cinéma ne peut imiter, c'est un regard que l’on vit moins que le printemps. Je l’ai vu, posé sur un banc, quand il lui remet son blouson et qu’elle lève la tête, alors ses yeux se posent sur ses lèvres et elle a ce regard. Je l’ai vu en sortie de bar, quand ils s’embrassent à espérer en péter le mur contre lequel elle s’adosse, alors leurs lèvres se séparent et pendant qu’il s’éloigne les yeux fermé elle ouvre les siens, pointé sur sa joue, ce regard.

Je ne l’ai connu personnellement que deux fois, la première fois je ne m’en suis pas rendu compte, la seconde fois malgré les nuits à le protéger il s’est éteint, je passe désormais ma vie à errer pour qu’un jour elle ré ouvre les yeux alors je le verrais ce regard, celui qui ne regarde pas mon visage mais l’après. Cette fois-ci je le comprendrais, et je sais que dans ce salon on nous sommes en soirée, elle à peine déposée sur l’accoudoir du canapé, moi debout contre un mur de la cuisine, nos chemins se croisent et entre tout ses groupes discutant, elle a ce regard, un léger sourire et une soudaine envie de rire, je sais que je traverse la pièce, presque au ralenti, en bousculant femmes enceintes et bières de garde pour la rejoindre, en soulevant sur mon passage la table basse qui ira exploser la baie vitrée, pour l’embrasser. Mes mains sur son visage et ses yeux ouvert sur mes paupières, de ce regard, l’apesanteur.




Jeudi 15 Avril 2022

02h02



Je ne suis pas en état d’écrire, je ne l’ai jamais été. Cette gerbe est trop longue, on le sait il y a Elle et une noyade infini, la question latente est pourquoi infini ? Qu’est ce qui le retient ce marin au rocher, pourquoi est-il lâche ? Pourquoi ne saute-il jamais ? Pourquoi y a t-il toujours ce silence et ce regard la gueule dans les étoiles, à compter les avions.

Pourquoi la boisson, pourquoi les sensations, de sauter du balcon, de planter ses proches, de se planter sois-même, de sursauter dès qu’un scooter passe dans la rue, de frapper la personne qui partage vos nuits.


Et si le plus simple était le saut? Et si l’alerte, constante, ne venait pas cacher ce besoin profond, derrière la dune, dans notre forêt, de s’ouvrir le bide, histoire de partir en roman comme j’ai rêvé ma vie.



Qu’est ce qui le retiens, pourquoi les trous noirs à se réveiller avec des douleurs au bides ? Pourquoi les séances de médocs ou même l’orateur est paumé, il se planque, il n’ose le dire : «  ouvre toi en deux mon grand il n’y a rien d’autre, ce n’est pas que tu as compris ou trop vécu c’est plus profond, un champignon qui s’est ancré et qui te bouffe, constamment, constamment ».


Qu’est ce qui me retiens ? Certainement pas vous, peut être eux mais certainement pas vous.
Alors elle ? Oui mais rien ne créer espoir alors pourquoi ? Pourquoi ce marin qui attend, encore et toujours, qu’elle rentre au port, qu’attend il ? Elle est morte.

Et puis quand bien même on en ferais trente gamins au ports, qu’on aurait notre photo dans la presse locale, elle le bide en vrac, nos marmots et moi au centre qui m'extasie, je ne rêve pas de ça.


Qu’est ce qui le retiens ? Il n’est qu’un gamin qui s’imagine en interview aux chiottes, et encore, se lèverais-il pour les concerts ? Il n’est qu’un gamin qui s’imagine y gagner le prix Nobel de littérature avant Rudyard Kipling, se lèverais-il ?



Qu’est ce qui le retiens ? Face à la mer, au retour de son amour, à emmerder les gamins qui jouent au ballon, à s’autodétruire, qu’est ce qui le retiens ? Et surtout, pourquoi ? Pourquoi ne pas y reconstruire sa vie, pourquoi ne pas oser ? Pourquoi se haïr ?



Pourquoi se haïr ? Y vivre sur la dune à contempler, y vivre par procuration.

Par accoutumance, constante.



Pourquoi se haïr ? Et peut être qu’il y serait heureux le marin à y vivre avec elle mais pourquoi ne pas se le permettre ? Permettre de sauter, permettre de crier. Une certitude, il y a un absolu au fond de ces écrits qui est vérité, il faut le trouver quitte à se finir sur une plage.



C’est absurde. Ne serait-ce que par raison politique, autant y attenter à la vie de chaque gardiens de l’Élysée et espérer se finir sur le président, si c’est pour ne pas s’aimer sois même, regretter constamment la marche du monde, autant y imposer la sienne. Non c’est plus profond, plus égoïste que cela, je me fous du prochain président, je veux juste que l’on se racontent le ciel, tout en haut d’un phare. Oui mais pourquoi ? Pourquoi elle, pourquoi cela ? Alors que j’angoisserais d’être captif de journées trop longues, en errance.



Pourquoi le marin ? Celui qui attend ? Pourquoi cette foret noire ou chaque racine lui murmure ?




Lettre à Kate :


«  Il y a ce regard. Celui qu’un jour on ira écouter ou voir. Il y a ce regard chaque soir quand dans la rue à chaque mot qu’elle dit il la regarde comme s’il elle construisait le sol devant lui.


Il y a ce regard, celui qui vous exclu quand vous les croisez, celui qui vous ramène à l’attente.


Il y a ce regard, celui que l’on remarque à chaque soirée, à chaque fond de canapé, à en kidnapper pour en être.



Il y a ce regard, celui de cette chambre, noir, en Amazonie, son front qui luit contre le mur et son dos qui se projette dans toute la pièce, qui envahi son corps, comme un théâtre de guignol, pour que le quartier puisse se l’imaginer. Et il y a ce regard contre le plafond, qui voit plus loin.


Et il y a ce regard, lorsque je t’allonge sur le dos, la tête dans le vide, tremblant, et que j’y insère mon sexe à ta bouche, ta langue qui danse et ma main qui se joint au combat contre ton cou, l’autre dansant à ton sexe.

Ce n’est qu’un théâtre, de deux corps heureux qui chantent et s’unissent jusqu’à ce qu’un cris les invitent. Alors, alors. Comme deux ombres chinoises, il y a nos rires contre le mur et les murs qui tremblent.



Et il y a ce regard, celui qui dit : jette toi je te suis », celui qui dit : envole toi, sur la lune, pour n’être que deux, à poil, assied sur le coin, ta main contre mon sexe. Pour les guider. ».



Et il y a ce regard, c’est celui d’une promesse, inconsciente, c’est celui de ceux qui pourraient se manger si l’autre leurs demandaient.



Et il y a ce regard, que je croise, chaque soir sur les quais, à chaque terrasse de café, il s’accompagne toujours d’une danse des lèvres qui s’étirent, d’une danse de ceux-là et de cette langue, c’est un regard, un mouvement, une main dans les cheveux, un amour, un courage, de sauter dans le vide pour l’autre. C’est sublimer, c’est ce pourquoi, tous nous vivons, c’est ce pourquoi l’humain est, c’est ce pourquoi je t’attend.



Aucun plaisir, aucun objet, aucune foi ne remplacera ce regard, comme dans un brouillard, il est souvent cet instant ou elle l’illumine et qu’il ne le voit, alors comme un con, du bout, du bout de l’autre trottoir, je traverse les voies pour lui dire de s’arrêter, pour lui dire qu’elle le regarde, qu’ils doivent s’y jeter ou s’envoler. »




23.04.22

02h52



Je rentre chez moi, dans une rue ou les chiens n’y sentent que la pisse, mais ce n’est que moi. Je me balade avec ma guitare dans son étui, sur mon dos. En levant la tête j’y vois une fenêtre ouverte, la lumière rouge, si rouge, des photographes… Ou des amoureux qui lui lèvent la jambe contre le balcon, son sexe sur la rambarde, sa tête entre ses fesses.


Je rentre chez moi, et la tour des archives est toujours aux couleurs de l’Ukraine, dieu fasse que cette guerre s’arrête pour que ces couleurs immondes ne me fasse plus face, alors il sera le temps de la couleur du sidaction, celle du téléthon, celle de la journées des droits de la Femme. Faites moi rire, il n’y a rien de plus coloré que votre fleuve, allez viens enculé, toujours entre deux tours, allez viens, et jetons nous dans la seine, voir qui y survivra.


Je rentre, sur ce pont, je m’arrête. Il y a ce regard, celui que je jette entre les tours, au loin, devant la colline, celle qui bouge, quand je pense à tes lèvres qui se lèvent. Allez viens, y goutter de ton sourire au milieu des vents, lui rendre hommage au marin, qui toujours hurle la gueule au ciel.



Je rentre chez moi, je rentre au milieu des fenêtres ouvertes, putain baisez au fenêtres, que l’on vous applaudisse une fois dans l’année, à chaque passage de cortège une langue à son sexe.


Y voir, y sentir contre ma veste, de la sueur, à dégueuler dans la rue, ton coup de matraque contre le vide.



Je rentre, je m’y vois, à les applaudir au fin fond d’un cortège, à les voir s’embrasser et il s’assied, seul debout je vous interroge. Alors je lève la tête et je te vois, la face contre l’horizon, à me transpirer à la gueule et il y a lui la tête contre le trottoir à me demander. Il n’y a qu’une plage abandonné, à tous se voir se supplier.