mercredi 25 juin 2014

Reviens-moi.

Je suis las, tout au fond de cette pièce.
Je titube et je suis là, pleurant cette âme qui toujours résonnera ici. Allez mon amour, reviens-moi, laisse au soleil la chance de revenir ici-bas. Il ne reste plus que la brume qui déploie son armée de gris. Et moi, avec la fin comme unique combat, avec la haine, la tristesse, la mélancolie, mes mains, mes yeux, ma mémoire, un choix, comme unique soldat. Allez mon amour, reviens-moi, reviens danser nue sur ce plancher. De ton sourire, reviens-moi.
Au fond de cette pièce, devant ce lit, je me souviens d'une vie. De cette beauté qui, chaque matin, remplissait le monde de sa folie. Devant ce lit, triste merveille qu'un lit dans lequel siège la reine de vos nuits. Reviens-moi mon amour, remplis-moi à nouveau de ton aurore, remplis encore cette pièce de ton corps. Le plafond s'incline devant toi et m'écrase de tout son poids.
Tu sais mon coeur je resterai là, je resterai assis, emmuré dans cet endroit où nous avons tout écrit, dans cette antre où tellement de fois nous avons fait l'amour, chantant à la gueule du monde cette douce comptine qui parle de l'au-delà. Tu sais quand tu faisais à ce lit l'offrande de ton souffle s'haletant, quand je n'étais pas de trop, quand nous étions beaux. 
Il ne reste plus que moi ici et le poids de ta chair. Il ne subsiste dans mes yeux que l'absence, je ne vois plus que des vagues qui, dans un fracas inouï s'écrasent devant moi. Alors je me lève et décroche cette photo qui trône au-dessus de notre lit, je reste là un long moment, pleurant, sachant qu'à partir de ce moment, à chaque fois que la lune s’éveillera je n'aurais plus à mes côtés ce visage à embrasser, que je ne pourrais plus tenir ce corps entre mes mains.
Cette photo, après un long regard, je la brûle, alors je ferme les yeux à jamais et je prie de peur d'oublier le souvenir de cet impensable tableau, celui du plus beau des accomplis. 


Texte écrit en collaboration avec Jim-Kévin Quéré pour son travail sur les "pièces froides". Il a été publié en 2013 lors de la réalisation de son mémoire.
( http://jim-kevin.weebly.com/ )

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