lundi 28 février 2022

Anémie

 

2022.02.28

01h43




Il n’y a rien qui m’emmène plus au large que de penser y rester. Devant l’anémie mondiale, la tristesse de mes nuits et celle de nos enfants il n’y a rien qui m’emmène plus au large que d’y penser. Que d’y penser qu’il n’y a rien d’autre qu’elle et moi et un monde pour y faire l’amour. Lorsque le soir je n’arrive à dormir, lorsque le matin je n’arrive à me lever je pense à ce monde ou il n’y a rien d’autre que nos corps, nues, de l’alcool et une guitare.



Il y a une douleur qui me brûle, constamment, elle m’effraie aussi, je ne sais si ce n’est que d’être trop conscient des autres ou si ce n’est autre que d’être malade. Ce qui me bouffe c’est que pour tout les autres si l’on est peinée par la tristesse d’un(e) autre c’est que l’on va mal et si l’on est heureux alors la tristesse d’un passant ne peux nous toucher dans notre chair, je n’ai pas envie de croire à cela, je n’ai pas envie de croire que je suis mourant parce que je vous vois. Que je suis mourant, constamment, que je me consume parce que je ne sais trouver ma place dans un monde ou il n’y a aucune place viable. Que quelque part ce n’est pas moi qui suis malade mais le reste de ce peuple qui tourne sans cesse sans gerber.

Que quelque part ce n’est pas nous qui sommes malade mais plutôt nous qui sommes les seuls à pouvoir faire quelque chose de beau. C’est arrogant ? Tout a fait, mais que je vous rassure, pratiquement la totalité de mon monde est composé de culpabilité, je me réserve le droit ce soir d’avoir envie de me croire Espoir.



Il y a une douleur qui me brûle, j’ai envie de sauter à chaque pont, à chaque balcon, à chaque gratte-ciel, j’ai envie de me déchirer le bide à chaque couteau, de m’exploser la main à chaque verre que je serrerais, de bouffer la boite à chaque pilule que je croise, de m’en arrêter le cœur à chaque drogue que je vois.


Il y a une douleur qui me brûle, c’est celle de celui qui ne sait pas pourquoi il vie avec elle. Ça fait dix ans maintenant et je ne sais toujours pas ce qu’elle tente de m’avouer, en dix ans j’ai mangé suffisamment de molécules différentes pour polluer un lac sur plusieurs générations, j’ai eu suffisamment de symptômes pour ouvrir un hôpital psychiatrique, j’ai eu tellement de crises que je pourrait faire la programmation d’Arte sur dix ans.



Mais aujourd’hui je suis lasse, je crois que je n’arrive plus à avoir envie de comprendre, je ne veux rien d’autre que de m’y sentir bien, quel qu’en sois le prix. Je sais pas ce qui déconne, je sais même pas si rien ne déconne, si en fait ce sont les autres qui ne sont pas censé de vivre normalement malgré tout ce qui les entoure. Je sais pas si les termes à la mode ont raison, si je suis un hyper sensible et que j’ai au profond de moi pleins de qualité, de perceptions extra sensoriel…


Mais aujourd’hui je suis lasse, je ne sais pas si penser que l’on doit vivre à en cramer sa baraque c’est être malade ou si être de ceux qui pensent que le monde ne va pas bien mais qu’il pourrait aller plus mal c’est être malade. Je pense que le cynisme tue notre siècle, que c’est la maladie de celui-ci et que les pauvres gens se réveilleront quand il n’y aura plus rien à défendre, peut être suis-je malade. Ou peut être suis-je conscient, peut être devrais-je écrire un bouquin de mille page sur ma vision du monde et que celui-ci deviendra un best-seller à travers le monde car tant de gens se sentiront enfin entendu, peut être suis-je malade.



Ça fais dix ans que je me soigne, que j’essaye, vous savez c’est épuisant, j’espère que cette page sera salutaire pour tout ceux qui la comprennent et que pour les autres elle les aidera à moins considérer que ce n’est rien, qu’il y a des solutions, qu’ils les connaissent, qu’il ne faut surtout pas prendre de médocs et qu’après tout : le temps va tout s’en va.



Je pense profondément au-delà de ma petite personne, que notre société est malade, que l’on a plus le droit de ressentir de la peine, de vouloir y réfléchir, parce qu’il faut être productif, qu’il faut être actif. Je vous gerbe, absolument, tous, absolument, tout les faux semblant, tout les heureux, tout les instagrameurs, tout les acceptant, tout les puristes, tout les sociaux-démocrates, tout les réalistes, tout les acceptants, tout les écolos, tout les végétariens qui bouffent du poisson, je vous chie à la gueule.


Notre société est malade, devoir reprendre le travail au bout de trois jours lorsque que ta mère décède c’est non seulement immonde, criminel, mais c’est surtout inhumain. La dépression est absolument systémique et ce qui me donne le plus envie d’y pleurer c’est que le peuple se croit coupable. Coupable d’appeler alerte suicide lorsque l’entreprise ferme, que l’on ne sait plus comment finir le mois, que ta femme s’est barrée avec les gosses chez sa mère, coupable d’angoisse de bosser à la chaîne dans un entrepôt automatisé qui t’engueule des que tu prend trop de temps, coupable de ne plus voter, parce qu’il faut un vote utile, et que macron et lepen ce n’est pas pareil, c’est la démocratie contre le fascime, non mon vieux c’est le fascisme contre le fascisme et ce n’est pas moi qui l’es décidé c’est vous qui considérer qu’il est plus simple de vous faire élire contre eux.


Notre société est malade, elle déboule des statue de dictateurs mais laisse internet se faire diriger par des entreprises, on interdit pas le téton sur internet par morale mais pour l’économie. On interdit pas l’art sur internet par moral mais par profit. Quel est la différence entre youtube et la télé aujourd’hui ? La télé a plus de liberté. Quel est la différence entre Twitch et la télé aujourd’hui ? La télé a plus de liberté, laissez moi gerber.



Notre société est malade et je ne me sens pas malade de m’en rendre compte, je ne m’en sent pas malade d’être affecté par cela, je ne me sens pas malade d’être écœuré. Si c’est moi le dépressif, l’angoissé ou ce que vous voulez alors votre monde ne tiendra pas cent ans, mais vous vous en foutez. Ba ouai, c’est mieux de faire la pute à la plage, de profiter de deux semaines de vacances dans l’année que d’aller cracher à la gueule de nos dirigeant, après tout on a tous connu le reste, les horreurs d’un autre monde, celui-ci te fout dans une casserole et t’ébouillante tranquillement depuis des siècle c’est bien plus apaisant.


Notre société est malade, j’ai déjà dis dans d’ancien posts à quel point je tuerais moi même bon nombre de ces dégénérés, avec le sourire, Bernard Arnaud attend moi j’aiguise ma hache et je viens sur la table de ton salon.


Notre société est malade et je n’en suis que son produit. Je ne me sens coupable de rien, ni de fainéantise, ni de compromission, ni de faiblesse, je me crois réaliste. Comment voulez vous être heureux quand tout votre entourage subit consciemment ou non la marche du monde ? Quand votre père est devenu un crieur public de la propagande d’état, oubliant son histoire, oubliant sa famille de pensée, d’ailleurs il croit toujours être un Humaniste malgré tout cela, je n’ai pas les mots, Rabelais, Moore, Montaigne, Érasme lui collerais une baffe…

Quand votre grand frère aussi malade que vous choisi la lutte syndical comme seul combat et que vous le voyez dépérir chaque jours, que votre petit frère ne croit plus qu’au monde des dragons, que votre mère n’ose pas émettre, de peur d’imposer, la moindre idée.


Ça fait dix ans que je souffre, pas dix ans que j’écris, ou dix ans que je me dit qu’il y a un malaise, mais dix ans que j’ai des phobies d’impulsions, des rêves délirants ou je frappe les gens, des crises d’angoisses, des attaques de panique, des tremblements, des envies de pleurer, des envies d’en finir, des envies de dormir sans se réveiller, des peurs paniques et troubles : du vide, de l’avion, des ascenseurs, de la vitesse, de parler en groupe, de la mort, de la vie, de ne plus savoir baiser, de ne plus savoir parler, de ne plus savoir marcher, de ne plus savoir conduire… Ça fais dix ans que je souffre et je suis lasse, rien ne fonctionne, je devrais peut être m’acheter une île, à plat, sans aucune de mes craintes, avec des tonnes d’alcool, avec un phare et une chambre en haut, avec beaucoup de papier et y mourir quand il sera temps, en espérant que quelqu’un trouvera un jour ces notes, que quelqu’un, un comme moi, un comme nous, en pleurera et les publiera, que ça l’aidera dans sa vie de tout les jours. Peut être qu’il y reprendra le phare, en famille, qu’il fera pousser au bord de la falaise tout un potager, et de l’autre coté du phare un arbre, immense, ou les enfants iront s’inventer des histoires.



Et peut être qu’aucun des spécialistes de la psyché ne peut rien pour moi parce que j’ai ouvert les yeux sur mon monde et peut être sur le monde. Alors que dois-je faire ? Je ne sais pas, pour l’instant j’ai encore peur de mourir c’est sûrement bon signe, peut être qu’un jour ce ne sera plus le cas, alors ce jour là je serait le plus libertaire des libertaires. Ou alors peut être dois-je comprendre comment vivre en sachant que vous faites tout pour vous tuer, pour être esclaves, pour vous persuader que vous avez de la chance d’être là ou vous êtes. Alors peut être que je serais ce marin qui attend sa belle sur la plage, à vivre dans l’absurde, dans un monde ou il y a l’espoir. Et j’en mourrais quand j’en mourrais, je ne verrais plus de médecin et je picolerais en permanence, tout mes ami(e)s seront les bienvenus, je les aimes absolument et je leur voue l’éternel.



Je serais ce con au bord de la falaise qui l’attend, comme si elle avait vingt ans, elle y reviendra le sourire aux lèvres, la bouche grande ouverte, la langue qui se dandine, le tee shirt soulevé, ses petits seins au vent et un hurlement de joie. Qui tout le soir attend que ce moment survienne et qui tout les soirs regarde en bas ou sauter pour ne pas atterrir dans les rochers.



Je veux tout, des enfants, la mère de mes enfants à qui je sais que je serais toujours, un travail qui me passionne, la liberté, les vagues, la tristesse, un chien fou dans l’herbe, la mélancolie, le partage, me battre, y chanter. Je ne sais pas si j’en suis capable, je ne veux pas faire un enfant avant de savoir si je dois me tuer.




Je veux tout, l’olympia, Bercy, être toujours auprès d’eux, toujours auprès d’elle, pouvoir la regarder de la même manière à trente ans qu’à cinquante. Être Brel, être Manson, être Ferré, être Dickinson, être Lindemann, être Springsteen et Cash.



Je veux tout, je veux l’aimer, je veux son sourire, sa bouche quand elle fume et que la cigarette se déchire sur ses lèvres trop sèches alors elle pousse un petit soupir et se pince la lèvre avec ses doigts, se baiser tendrement et se battre contre ses fesses à en obstruer la lumière du phare. Je veux nager au mois d’octobre, mars ou de Juillet, y plonger de la falaise avec tout les gamins qui nous suivent, je veux Aimer, je ne crois pas au bonheur, mais je veux m’épanouir, et quand il le faut, tard le soir à la fenêtre, boire et fumer, à la mélancolie.



Mais je ne sais pas, peut être que je ne suis rien d’autre qu’un malade et que mon dernier acte, de résistance, de croyance, d’existante devrait être de me faire exploser le plus profondément dans Bercy, juste histoire de faire chier un peu. Peut être que vouloir mon phare c’est être lâche et que je dois les combattre, toujours, de toute mes forces, ici ou en prison, à amener le plus de gens à enfourcher tout les bourgeois ! Que mon rêve de la voir revenir les cheveux au vent, les seins contre la voile ne sont que le produit de mon épuisement.



Il est certains que si l’on me dis demain, écoute tu ira mieux mais tu ne pensera plus à l’état de ce monde je ne signe pas. Si être bien c’est ne se soucier que de l’état de son chat alors je ne veux définitivement plus vivre dans votre monde et je veux y rejoindre ma brune sur son bateau à se baiser partout et nul part.


A se baiser partout et nul part, à se baiser partout et nul part. A s’y croire tout puissant de diriger son propre monde, celui d’une île mouvante, toujours dans les eaux internationales, à pouvoir hurler contre la houle, comme lorsque dans la manche, en pleine nuit on s’avance sur plus d’un kilomètre pour rejoindre les vagues, que le vent nous bat les tempes, et que l’on crie contre le vent, que le cri s’envole sur son dos et que l’on ne le retrouvera plus que lorsque l’on y reverra une mer qui vous y invite. Face à la mer, quand elle crie, que tout ce qui peut s’envoler s’envole, ton regard, face à l’embrun, pleure, comme tu n’a jamais pleurer, alors tu reste là, face au vide, à te déchirer, à te reconstruire, à y penser, on devrais tous y vivre la gueule face à l’océan. Moi j’aurais tout, un monde à moi, mes amis à mes cotés, mon amour à embrasser, à surprendre, à contempler, à imaginer, à désirer. Mon chien avec qui nager, avec qui partager mes nuits, tristes, avec la lune immense qui s’écrase sur la mer. Mes enfants qui se casse la gueule sur le pont, qui monte au mat, qui repeignent leur chambres.




Je veux rejoindre ma Brune sur son bateau, avec le marin, je lui filerais une cabine ou il grognera en silence, je veux des tonneaux de bières et des paniers de fruits. Je veux rejoindre ma Brune sur son bateau à se baiser partout et nul part. A la voir, à la voir, à la sentir, à la voir, danser en donnant des ordres aux matelots, puis prendre un café face à l’horizon, l’entendre rigoler, l’entendre chanter, l’entendre geindre la nuit, sur la proue, ses fesses contre le bois, nos regards à s’aimer, sa jambe dans le vide et nos yeux au ciel.




Je veux la rejoindre, nul part, partout.