jeudi 1 juin 2023

Allez viens !

Samedi 27 Mai 2023

03h57



« Allez viens ! »


Je trouve cette simple injonction absolument sublime. Ce n’est d’ailleurs absolument pas, en tout cas dans mon esprit, une injonction, c’est une supplique, une offrande, une grâce que je déposerais au pied d’une statue. J’imagine celle d’une sainte, païenne, qui absous de la crainte.


C’est sublime, c’est une invitation, c’est une sueur. Un chemin, un guide, une mèche qui se teint.

C’est l’absolu, un cri, une offense, c’est une demande.



« Allez viens ! »


Comme pour demander, comme lorsque surexcité on commence déjà à se jouer alors que l’autre est assied, qu’on le regarde les yeux pleins d’envie et qu’on lui dit, la gueule déjà à gauche « allez viens » ! Allez viens, putain viens ! Laisse tout ce qui te contraint et fout toi à poil, juste sans y penser aux autres sur la plage, laisse tes cheveux plongés !



« Allez viens ! »


Ralentissons le temps, comme un murmure, comme un chuchotement, viens, embrasse moi le cou, laisse glisser tes lèvres, laisse danser tes yeux, les tiens dans les miens, que l’on se dise, « allez viens ».


Joue contre joue, ma main dans tes seins, l’autre qui te chevauche le creux des reins, laisse danser tes yeux, qu’on se dise « allez viens », comme une expiration qui psalmodie, qui expie, comme un chant qui libère.



« Allez viens ! »


Comme s’il fallait le répéter pour l’exaucer. Comme s’il fallait le méditer pour le comprendre. Allez viens ! C’est un signal, un chant de marin, un appel. C’est ce que je voudrais hurler sur scène, pendant trente minutes, une aura, juste un murmure, qui dit ma bouche contre ta lèvre, qui dit ce qu’il faudra crier.



« Allez viens ! »


A un concert, le micro contre le sol, à hurler, comme pour s’entendre, un appel, comme un argument qui se tairait face au vent.



« Allez viens ! »


A un concert, le micro contre le sol, comme pour s’entendre, un argument qui se tairait face à ta gueule.



« Allez viens ! »


A un concert, le micro contre le sol, à hurler, comme un argument qui se tairait sur cette plaine, un appel face au vent, qui soulève ta jupe, et mon visage contre le tien.




J’ai toujours considéré que l’on choisissait à qui l’on se montrait nue et que le faire c’était déjà s’avouer, c’était déjà trop s’avouer. Alors j’ai toujours considéré qu’il fallait se raconter, s’admettre à travers l’autre. J’en ai vécu des relations de baise mais elles n’ont jamais été celle-ci. Je ne crois pas que se soit un hasard, je ne crois pas non plus qu’elles se soit converties. Je pense qu’elles ne voulaient pas cela de base, ou en tout cas pas tout le temps et que j’ai induit, ne serait-ce qu’un peu, une relation.


Je ne suis que relation. Je crève de l’éphémère et quand bien même j’apprends le qualitatif je ne pourrais jamais partir sans dire au revoir. Je ne suis que promesse, qu’un gamin qui grandit et qui toujours a besoin d’une épaule pour demander.



Je ne suis qu’une aventure qui ce vit à deux.


J’ai envie de tout, j’ai envie de marcher vers la lumière, pour ne plus être un compris du fond de la salle. J’ai compris, je crois, ce que devait être ce théâtre, ce que devait être la fin. C’est de s’exaucer, toujours, et quand on sait se vouloir, accepter l’autre pour qu’à deux on puisse, sans ennuie, à chaque soir, jouer sans contrainte, toujours, s’amuser. S’amuser d’être, avec l’autre, de voir qu’au milieu du bide il y a un trou, d’y fourrer la langue et d’y faire des bruits avec sa bouche.




« Allez viens ! »


C’est comme une demande, celle d’un gamin perdu qui réclame une étreinte, c’est un appel à plus, à « tu sera », c’est vouloir tromper la mort, comme pour y combattre, un doigt à ton sexe et la plus belle des amitiés, t’avoir en port, te savoir, main dans la main, rigolant à se courir dans les champs.



Il n’y a rien de plus beau que deux amours qui se perdent dans les yeux. Il n’y a rien de plus beau que deux amants qui attendent la nuit pour s’étreindre.


Je ne sais pas pourquoi on vit mais je sais que si l’on ne savait s’aimer l’Homme serait une perte. L’humain n’aura jamais plus beau à proposer que l’amour. Ce n’est certainement pas ce qui fait de nous des autres auprès des animaux mais c’est absolument ce qui, toujours, nous grandi.

L’humanité n’est qu’une question d’amour. Sur son lit de mort on ne regrette jamais d’avoir trop peu amassé, ou d’avoir trop peu travaillé, on regrette toujours d’avoir, pas su, mal, trop peu aimé.

C’est une pensée débile, presque naïve, mais c’est la seule, chaque chanson, chaque comptine, chaque texte, chaque principe mathématique ne parle que d’amour. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », cela résume notre modèle, la chute de nos civilisations, nos vies, et régit nos amours.



Je chanterais toujours, à bout de souffle, mais je ne veux pas que tu devienne une ultime lettre à Kate. Parce qu’il y a une danse, une suffisance, une dépendance, un absolu, et certainement un trou noir.




« Toujours des autoroutes, au cœur en cimetière, au feu les idéaux, y a le feu au radeau… Sans doute tu sera ma mort, j’espère que tu sera encore à bout de souffle. Parce qu’à chaque nuit il y a son aurore, et puisque Lisa tu chante encore à bout de souffle. Tu le sais bien on est vivant tant qu’on est inconscient, à bout de souffle. Et le dernier des jugement il peut venir moi je l’attend, à bout de souffle... »


Saez, à bout de souffle, 2002.




Je me bat contre un mal invisible, je me bat contre un cri. A chaque instant, qui vous angoisse, qui me tétanise. Ça faisait des années que je n’avait eu un instant sans me demander. A chaque soir dans tes yeux il se tait. Et casse toi quand tu veux je m’essoufflerais jusqu’au rivage, que c’est bon d’être libre.




Jeudi 01 Juin 2023

02h23



J’explore, je conçois, j’étreins de nouvelles peurs. Des peurs que je n’avais jamais eu. C’est la première fois que je ne veux pas de notre contrat, celui que l’on ne signe jamais mais que l’on se dit sans se l’avouer. De ceux qu’on ne parle pas mais que l’on décide dans les pas. L’un de l’autre, dans la voix aussi, quand tu descend l’escalier et que tu choisi le sujet. C’est un matin, c’est un souvenir, habillé, de ce sublime, dans le lit, qu’il soit humide ou qu’il soit tendre, d’il y a un instant. C’est dans ces pas, dans la conversation, dans la voix, que l’on dessine un contrat.




Lettre à Kate :


«  Tu sais ma belle, tu es un peu mon autre, une amie que je visite le soir, celle avec qui je parle, qui me permet d’écrire, sans rature, ce qu’il y a à y écrire. Sans danse, sans courbette, juste d’écrire. La jalousie, la tristesse, la peur, qui me permet d’y apposer ici mes cauchemars.


Je crois profondément à l’autre, je crois profondément à la relation, je pense qu’il est possible de le trouver. Qu’il est possible de construire un espace profondément humain, empathique, admettant. Qu’il est possible de bâtir une confiance, sans jugement, apprenant, profondément, viscéralement dans l’amour de celui qui vous partage.


Je crois que ce n’est pas qu’une question d’age mais certainement aussi d’expérience, j’ai souvent lavé mon appart seul, mon esprit aussi, peut être que si j’avais été plus accompagné, j’aurais voulu cela plus tôt. Peut être aussi que plus accompagné, mal parfois, je n’en serais même pas là. Ce n’est pas une question d’age, c’est une question de cailloux dans la grolle, c’est une question de temps passer sur le chemin à se perdre dans la brume.



Putain que je peux être usant, empreint aussi et peut être qu’un jour je ne m’en excuserais plus. Peut être qu’un jour je m’aimerais, j’aimerais ce corps ou je le transformerais, peut être.

Peut être que je serais moins préoccupé, plus serein, moins alarmé, plus confiant.

Peut être aussi que je saurais tout de la baise, tout de l’amour, peut être.

Peut être que je ne fuirais plus devant le conflit, que je me lèverais le matin, que nous aurons un chien.

Peut être que nous aurons une baraque en bord de rivière, une bicoque, d’où tu sortira de longues journées, de longues semaines, pour aller bosser à la ville.

Peut être que je te regarderais, dans le jardin, mes yeux sur ta robe verte à fleur, toi qui cours, toujours à la bourre pour y rejoindre ton vélo, et que je te trouverais toujours putain de si belle, que j’en rirais de te voir te prendre la chaussure dans le tissu, et que je te rejoindrais à la clôture pour t’embrasser.

Peut être que je passerais enfin ma journée à fumer des clopes sous le porche à écrire, faire de la musique ou juste me poser des questions.

Peut être qu’on s’y retrouvera le soir au coin du feu, qu’on se sera donner comme obligation d’être nue à la maison, de chanter à tue tête, et de ne cuisiner que dans le bruit.

Peut être qu’on se caressera, toujours, qu’on s’embrassera, toujours, qu’on se demandera, toujours.

Peut être qu’en rentrant du bois, toi de la ville, on se racontera, toujours, avec passion.

Peut être, qu’on passera les nuits d’étés, à regarder les étoiles en imaginant.

Peut être qu’on sera le petit prince et le renard.

Peut être, qu’on se dira, qu’il n’est jamais trop tard, que tout peut arriver et que l’on sait que l’on se fout de tout ça.

Peut être que seul le présent nous contentera, que je mettrais toujours ma main contre ton sein, que tu m’avalera toujours les doigts lorsque l’on fait l’amour, que l’on se connaîtra assez pour savoir ce que l’on veut jouir.

Peut être qu’il n’y aura plus d’obligation et que ce sera une libération, que je te montrerais mes films préférés et que tu passera tes nuits à me raconter, toutes les histoires, celle des dinosaures, de l’évolution de la terre, du fond des océans, du tumulte des volcans.

Peut être que ma tête contre ton ventre, les yeux au ciel, à t’écouter, tes bras qui s’agitent et qui s’agitent, peut être, que passionnément, je m’endormirais. Alors, alors, alors tu dépose mon crane contre le sol te levant sans fracas, tu agrippe la première couverture que dans le noir ta main agrippe et tu me rejoins. Alors, alors, alors, ta bouche dans mon cou, tu m’embrasse la nuque, m’agrippe le bras et comme s’il était un chant de ces histoires que tu as racontée, nous nous endormons, sous le ciel qui nous contemple et qui se dit que cette aventure avait une raison.


Peut être, peut être… Peut être, moi je le voudrais, peut être qu’il y a un banc, quelque part dans ce chemin, pour s’y poser. Toi qui regarde les gens sur la pelouse se dire, moi qui lève les yeux au ciel pour y voir cette nana pleurer. Peut être que sur ce banc, posé l’un contre l’autre, on y regardera, on s’y lèvera, on y reviendra et on se racontera, alors, comme s’il n’y avait plus rien d’autre, on se racontera, tout se tait, et l’un à coté de l’autre, on se raconte, on se rigole, on se saute au cou, on s’aime largement assez pour d’eux et on se raconte, on se raconte, alors sans artifice, on se transe.


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